Les relations entre la Wallonie et Bruxelles suscitent actuellement un vif débat en Belgique francophone.
Le weekend dernier, Paul Magnette appelait à renforcer davantage les liens au sein de la Communauté française. Il souhaite voir évoluer la « fédération Wallonie-Bruxelles » - le nom que s’est donné la Communauté française depuis quelques années – en une « nation » Wallonie-Bruxelles. Il a été soutenu hier dans ses propos par Olivier Maingain, qui va jusqu’à parler d’un « Etat » Wallonie-Bruxelles.
Il va de soi qu’une nation wallo-bruxelloise est inacceptable pour la Flandre. La création d’une union entre Bruxelles et la Wallonie est en contradiction flagrante avec la structure étatique actuelle, dans laquelle Bruxelles constitue le ciment de la Belgique. En réalité, Magnette et Maingain font un plaidoyer séparatiste. Par facilité ou de manière délibérée, ils oublient ce que signifie le lien Bruxelles-Flandre pour Bruxelles.
Mais il faut également oser voir le message sous-jacent de la rhétorique de Magnette et Maingain. L’origine de la présente discussion est la peur des Bruxellois francophones de ne pouvoir s’en sortir seuls sans le soutien de la Wallonie. C’est ce que dit explicitement Maingain dans La Libre. Selon le président du FDF, les deux régions ne disposent pas de moyens financiers suffisants à elles seules pour les nouvelles compétences qu’elles se verront attribuer avec la sixième réforme de l’Etat. Et donc Maingain et Cie ne trouvent rien de mieux à faire que de fusionner Bruxelles et la Wallonie. Il s’agit d’une proposition de désespoir, d’une tentative vouée à l’échec de la part d’une certaine francophonie bruxelloise pour maintenir la tête hors de l’eau.
Pour le CD&V, les propositions de Magnette et de Maingain sont non négociables. Il ne peut être question d’une fusion de la Wallonie et de Bruxelles. Nous ne sommes toutefois pas contre un rapprochement des relations entre les deux régions, bien au contraire. Mais cette collaboration doit alors se faire par le biais de la Communauté française. Tout comme il a toujours été évident pour le CD&V que la Communauté flamande incluait Bruxelles, nous sommes en faveur d’une Communauté française forte qui prenne ses responsabilités aussi à Bruxelles. Car, contrairement à la Communauté flamande qui a continué à investir pleinement à Bruxelles au cours des dernières années (bien qu’elle puisse encore et toujours faire davantage), la Communauté française a délaissé Bruxelles ces dernières années. En tant que flamands, nous ne pouvons qu’applaudir la réaction des francophones de Bruxelles qui exigent aujourd’hui leur part légitime du gâteau de la Communauté française. L’évolution démographique crée d’énormes défis pour Bruxelles, et d’autant plus sur le plan de l’enseignement et de l’accueil de la petite enfance, deux compétences communautaires.
Les Communautés flamande et française doivent (continuer d’) investir pleinement à Bruxelles. Cela ne peut se faire avec une attitude paternaliste – pas de condominium donc –, mais bien avec une vision qui donne toutes les chances à Bruxelles en tant que Ville-Région sans négliger les fonctions de capitale et de carrefour international. Bruxelles est un moteur important de l’économie flamande et wallonne. Un crachotement de Bruxelles résulterait en une diminution du régime flamand et wallon. Les problèmes qui ne sont pas pris à bras le corps à Bruxelles s’étendent au Brabant flamand et wallon et ainsi de suite.
L’inclusion de Bruxelles peut aussi servir les intérêts flamands.
Brigitte GROUWELS
Ministre bruxelloise